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Parrainage à l’étranger, communications difficiles                           

Chine - Guangxi 2003

Patricia Ondina

Courrier publié dans le bulletin associatif de “Couleurs de Chine”

Sans doute certains d’entre vous ont-ils parfois regretté de n’avoir que peu ou pas de nouvelles de l’enfant parrainé. Comme vous, nous nous interrogions. Les lettres et les colis parvenaient ils bien à nos petits destinataires. Comment faire pour avoir un contact de leur part au fil du temps ? Nous leur avions bien envoyé des enveloppes à notre adresse, mais hélas sans résultat. Bien sûr, nous connaissions les difficultés d’accès aux villages et le très faible niveau de vie des habitants. Et nous savions aussi qu’il faudrait des années à un enfant Miao dont la langue n’est qu’orale, pour maîtriser la difficile écriture chinoise, et pouvoir envoyer une lettre... De plus les timbres coûtaient si cher pour les familles… Seuls quelques bulletins scolaires nous étaient parvenus, premier lien avec ces petites filles lointaines, quand nous décidâmes de venir voir de près ce qui se passait dans la région….

www.couleursdechine.org

Mai 2003 : C’est dans le village de Gundie (sud de la Chine), à deux heures et demi de marche de la  ville de Danian que nous aurons le bonheur de rencontrer nos filleules, et de connaître l’accueil incomparable que les villageois, les enseignants, et les familles, réservent aux étrangers que nous sommes, mais c’est là aussi que nous serons confrontés aux difficultés insoupçonnées de l’acheminement du courrier…

Invités dans une des familles de nos filleules, nous essayons de savoir si nos colis sont bien parvenus. Alors, le père de famille s’étonne de notre question. N’avons-nous donc pas reçu sa réponse ? Et il nous raconte son histoire : A la réception de notre dernier colis, la famille a tenu absolument à nous répondre. Le père a donc écrit une lettre et est parti à la poste la plus "proche" celle de la petite ville de Danian, (5 heures de marche aller-retour dans la montagne). Mais là, pour une raison qu’il n’a pas bien comprise, on a refusé sa lettre, peut-être un manque de timbre... Que faire ? Il a alors décidé de prendre le bateau de Danian à Fulu. La ville est plus grande, mais à encore 2 heures et demi de bateau aller-retour de Danian. Pourtant, là aussi, impossible d’envoyer son message. Alors, déterminé à expédier son pli, il a pris le bus de Fulu à Sanjang, la grande ville du Guangxi, à 3heures de là, (soient encore 6 heures de trajet aller-retour). Là, enfin sa lettre a pu partir….Comment aurions nous eu le courage de lui dire qu’elle ne nous était jamais parvenue....

Jamais cet homme ne nous parla du coût énorme que cette réponse avait engendré, celui du timbre, du bateau et du bus, une très grosse somme pour cette famille sans ressources, ni des longues heures de marche et de voyage.

Ce récit nous laissa désemparés et désolés. Alors, pour tous ceux qui, comme nous, auraient aimé recevoir des nouvelles plus fréquentes de ces lointains enfants, nous souhaitions juste témoigner des difficultés quotidiennes de ces gens simples, de leurs efforts, et de l’aventure que peut représenter l’acheminement d’une simple lettre depuis les villages reculés du bout du monde.

 

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